LAURENCE JONES: Take Me High (2016)

Le dernier album du guitariste britannique a été produit par le célèbre Mike Vernon (le producteur d’Eric Clapton, de Peter Green et de John Mayall dans les années soixante) et mérite qu’on s’y intéresse en dépit des quelques défauts qui amoindrissent son impact. Le disque démarre avec « No Place To Go », un blues-rock syncopé et légèrement funky au tempo médium et au solo « hendrixien » bien envoyé avec beaucoup d’effets sur la guitare. On continue sur le même tempo avec « Something’s Change » et sa gratte rythmique qui envoie le même son que Stevie Ray Vaughan sur « Couldn’t Stand The Weather ». Ce titre plus mélodique est bien meilleur que le précédent mais le solo reste dans la même veine. Le rythme s’accélère sur « Live It Up », un rhythm'n’blues syncopé et rapide avec un refrain efficace et un break psychédélique à la six-cordes. Si le solo du lourdingue « Addicted To Your Love » copie trop Hendrix dans le son et dans le contenu, « I Will » relève le niveau avec un style soul/funk mélodique et un solo de Stratocaster à la Eric Clapton. Et soudain, après cinq morceaux relativement moyens, le coup de génie ! La splendide ballade « Thinking About Tomorrow » qui aborde le thème de l’amour perdu. Par le choix des accords, le refrain rappelle le « Can’t You See » du Marshall Tucker Band. Laurence Jones laisse parler le feeling en balançant un solo très bien senti. C’est assurément le meilleur titre de l’album. Puis on retombe dans le blues-rock lourdaud mid tempo avec « Take Me High » et « Down And Blue » qui propose un solo sous influence Hendrix (encore !). « The Price I Pay » assure la fonction du titre de remplissage, même si l’harmonica ajoute une touche plus subtile à l’ensemble. Par contre, on termine en beauté avec la reprise de « Higher Ground » de Stevie Wonder à la sauce Texas blues. Le son de guitare et le solo empruntent encore une fois énormément à « Couldn’t Stand The Weather » du grand Stevie Ray mais le morceau passe bien. La dernière galette de Laurence Jones comporte donc des hauts et des bas. Le guitariste devrait soigner davantage la composition de certains de ses morceaux et s’affranchir davantage de ses influences (notamment Jimi Hendrix). Car ce qui peut plaire en concert (on se rappelle de sa très belle prestation sur « All Along The Watchtower » lors de son passage à Blues Caravan 2014) finit par devenir lassant sur un disque enregistré en studio. Et pourtant, il possède un grand talent. Alors, d’où vient le problème ? Simplement, certains artistes explosent sur scène mais sortent des albums un peu banals. Laurence Jones appartient-il à cette catégorie ? Seul l’avenir nous le dira. En attendant, il faut le choper en concert !

Olivier Aubry